Le taux d’inflation sera bientôt calculé sur la base d’un nouvel indice des prix. Le 2 janvier, le Conseil des gouverneurs a adopté le projet de décret n° 2-19-1083 définissant les éléments entrant dans la composition de l’indice des prix à la consommation (IPC). Dès sa publication dans le Bulletin officiel, ce texte abrogera le décret n° 2-09-529 sur l’IPC actuel (entré en vigueur le 23 novembre 2009) et sera publié par le Haut Commissariat à la planification (HCP), conformément aux normes spéciales de diffusion des données (SDDS) adoptées par le FMI.
Développé par HCP, dans le cadre de la modernisation de ses outils statistiques, ce nouvel indice des prix à la consommation aura comme année de base 2017, au lieu de 2006 pour l’indice actuel. La couverture géographique de l’indice sera étendue de 17 à 18 villes, avec l’ajout d’Errachidia représentant la région de Drâa-Tafilalet (créée en 2015, dans le cadre de la nouvelle division régionale du Royaume).
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La population cible est l’ensemble de la population Population urbaine marocaine. Quant au panier de référence de l’indice, il comprend douze catégories de biens et services, ainsi que 546 produits (dont 168 aliments et boissons non alcoolisées) et 1391 variétés de produits, contre 478 produits et 1067 variétés de produits pour le panier indiciel actuel. Les taux de pondération des produits et de chaque ensemble de produits, ainsi que ceux de chaque ville, ont été déterminés à partir de l’Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages de 2014 et du recensement général de la population et du logement de la même année. Ces coefficients n’ont pas encore été communiqués par HCP.
La question se pose donc de savoir si le nouvel indice des prix aura une incidence sur le taux d’inflation. D’autant plus qu’il existe un écart énorme entre les taux d’inflation officiels (0,2 % en 2019 et 1,9 % en 2018) et l’inflation telle qu’elle est perçue par la population. Ainsi, la dernière enquête nationale sur l’économie des ménages, menée par HCP, révèle qu’en 2019, la majorité des Marocains les familles ont continué de se sentir négatives au sujet du coût de la vie. De plus, 43 % des ménages interrogés ont ressenti une baisse de leur niveau de vie au cours des douze derniers mois.
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L’IPC est plus un indice de l’évolution des prix à la consommation qu’un indicateur de l’inflation
Il semble que la réforme de l’IPC n’aura pas d’impact majeur sur le taux d’inflation. En pratique, l’ajout de 68 produits au panier aura peu d’impact sur le calcul de l’IPC, sachant que ces produits ne correspondent pas à une catégorie nouvellement créée et que leurs prix ne varieront pas de manière significative. De même, l’ajout d’Errachidia à la liste des villes ne changera pas radicalement la donne, car les habitudes de consommation de cette ville ne sont pas significativement différentes de celles des autres villes utilisées pour calculer l’indice. De même que cette réforme de l’IPC n’empêchera pas la persistance d’un certain nombre de difficultés, telles que la mesure des loyers ou la détermination des prix des produits. acheté en ligne. Enfin, l’IPC ne prend pas en compte la population rurale, qui représente près de 40 % de la population marocaine. Cependant, tout le monde sait que les habitudes de consommation de cette population diffèrent considérablement de celles de la population urbaine, les denrées alimentaires de base y occupant une place beaucoup plus importante. De plus, le calcul de l’inflation repose uniquement sur l’évolution de l’indice des prix à la consommation. Toutefois, ce n’est pas la seule mesure de la variation des prix. Il existe également l’indice des prix de la production industrielle, énergétique et minière (IPPIEM), calculé mensuellement par HCP et qui mesure l’évolution des prix des produits industriels et énergétiques au stade de leur production. En réalité, l’écart inflationniste serait bien mieux révélé par le « déflateur du PIB ». Cet instrument, utilisé pour corriger le PIB en fonction des effets de l’inflation, permet de mesurer le prix actuel de tous les biens et services produits sur un territoire. Toutefois, il ne peut pas être calculés régulièrement, ce qui pose un problème de suivi et explique son utilisation peu fréquente par les pays.
En conclusion, il apparaît que l’IPC est davantage un indice de l’évolution des prix à la consommation qu’un indicateur de l’inflation. Par conséquent, quelles que soient les modifications apportées aux éléments de la composition de cet indice, elles ne refléteront que partiellement la réalité de l’inflation.